Annoncé mercredi 9 avril à l’Espace des Diversités et de la Laïcité, le film primé de l’édition 2014 de FReDD est :
La croisière des peaux de banane (La Crociera delle bucce di banana)
Salvo Manzone; production : association EPINOIA, 2012, 27 mn, Italie
Ce documentaire est basé sur l’histoire d’Aimée, une vieille dame française expatriée en Italie depuis toujours. Celle-ci habite Stromboli, une petite île de Sicile sur laquelle la gestion des déchets est déplorable. Elle décide d’agir en mobilisant les habitants de l’île pour mettre en place un système de collecte sélective et de compostage domestique. Cependant ces bonnes actions ne sont pas bien vécues par tous et des politiques locaux essaient de lui barrer la route pour continuer à recevoir les fonds qui financent le mode de gestion déjà établi. Ce film de 27 minutes permet de cerner l’essence du problème lié à la gestion des déchets à Stromboli… mais qu’on retrouve également dans de nombreuses autres collectivités. Cette dame pleine de bonne volonté met en lumière les intérêts politiques particuliers qui priment sur ceux, collectifs, qui sont moins lucratifs.
L’avis du jury
Au travers du combat d’une habitante de l’île de Stromboli qui lutte pour le tri des poubelles et le compostage, ce film adresse le problème de la gestion des déchets et d’une consommation plus responsable. Le jury a été touché par la générosité communicative du personnage central du film et par la puissance métaphorique de cette bataille pour une gestion durable de l’île.
Expression du conseil scientifique
L’organisation du tri des déchets sur une ile touristique de méditerranée fait ressortir des enjeux et des perceptions différentes selon les acteurs. Le problème est important, car les volumes de déchets sont considérables. Le tri semble peu efficient, car peu soutenu par les politiques, et les navettes en bateau pour acheminer les déchets sur le continent dans des centres adaptés coutent très chers. Des citoyens informent, proposent et mettent en oeuvre des alternatives, mais la gestion globale des déchets semble momentanément figée. Le film nous permet de rendre visible tout cela dans un positionnement neutre, le documentariste permet à chaque point de vue d’exister et de s’énoncer.
La question scientifique posée relève de la politique, voire de la psychologie sociale : comment une personne peut arriver à bloquer une action collective?
Le Jury a également décidé d’accorder une mention spéciale à deux films en compétition au FReDD :
La Panification des mœurs
2012, 61 minutes, Gwladys Déprez
D’un côté, dans un hameau pyrénéen, un petit groupe d’habitants renoue avec la fabrication artisanale du pain, de l’autre, en plein Paris, des opérateurs échangent d’importantes quantités de blé à l’échelle internationale, au siège de la plus grande union de coopératives agricoles. Et voilà formée la trame d’une étonnante exploration : du savoir-faire des boulangers au traitement du flux d’informations macro-économiques des marchés céréaliers, deux réalités se dévoilent, à la fois opposées et liées. En portant une attention particulière aux gestes quotidiens, le film interroge le sens des activités humaines.
L’avis du Jury
Le jury désire souligner la force plastique et la tenue formelle du film qui plonge le spectateur dans deux mondes parallèles qui d’ordinaire ne dialoguent jamais…
Expressions du conseil scientifique
Le pain, denrée symbolique pour l’homme est abordé selon deux points de vue. D’une part un boulanger de village a choisi de réouvrir un fournil dans l’esprit du retour aux sources : panification traditionnelle, coopération et travail en équipe, contacts humains sont ses principales valeurs. La qualité de l’image et de la prise de vue favorise l’approche anthropologique de ces séquences qui mettent en scène la nature, le cadre du village mais aussi la beauté du geste, l’aspect esthétique qui est au coeur de ce choix de vie.
D’autre part, au centre de la capitale, dans des bureaux devant des ordinateurs, des opérateurs achètent et vendent des céréales à grande échelle. Les valeurs dominantes sont la réussite des tractations financières au niveau mondial, la rentabilité des opérations engagées. La rationalité et la logique priment, la dimension humaine quasi absente.
Deux univers apparemment en complète distorsion, deux cadres de vie aux antipodes l’un de l’autre, mais qui posent la question fondamentale du sens de la vie.
2013, 62min, Thierry DEROCLES
Alors que le modèle Bio représente une alternative culturelle, sociale, écologique, économique au modèle agro-industriel conventionnel, les surfaces en mode de production biologique couvrent à peine 4 % de la surface agricole utile. Le temps d’un film, à la rencontre des divers métiers qui fondent ou accompagnent « la bio », nous allons nous pencher sur cette apparente contradiction : des pratiques qui marchent, contribuent à dépolluer mais qui pourtant restent confinées à des niches, tardent à élargir le cercle des bio-pratiquants. Une pluralité d’acteurs – agriculteurs, transformateurs, distributeurs, mais aussi élus et consommateurs – éclaire par leurs vécus les enjeux liés à cette filière.
L’avis du Jury
De la production à la consommation, ce film rassemble, tel un kaléidoscope, les différentes dynamiques de la filièrebio en France. Le jury a été sensible à l’engagement des acteurs et à la dimension très professionnelle des réseaux en devenir mis en valeur dans le film.
Expressions du conseil scientifique
La question scientifique posée relève de la thématique complète du festival de cette année : comment produire et consommer de façon responsable ? Le Bio est une réponse donnée massivement, et qui est bien développée, avec également la réponse du « localisme », afin de réduire les couts énergétiques des transports. Les producteurs sont présentés avec notamment un accent sur leurs motivations et le cheminement qu’ils ont suivi pour travailler dans le Bio. La place faite également aux consommateurs et à leurs comportements est très bien traitée, avec toutes les différences que l’on peut recenser entre Paris et ses 12 millions d’habitants et d’autres villes plus réduites. La « slow city » se dessine en filigrane de ces diverses pratiques.
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